Le succès du
Camembert à partir du milieu du XIX° siècle entraîna
celui des autres fromages normands et se traduisit par l’émergence
de nombreux fabricants agriculteurs qui affinèrent leurs produits plutôt
que de vendre des fromages blancs au marché.
La
quasi-totalité des fermes était fromagère, tout au moins
pendant la période de forte production laitière : alors que
le prix du lait chutait, c'était le moment de faire provision de beurre,
fondu ou salé, et le surplus de lait écrémé était
transformé en fromage.
Avec la fin de la fenaison,
les cours du lait reprenaient, et les fromagers saisonniers reprenaient leurs
livraisons aux fabriques. Il y avait moins de lait que maintenant, et la production
était répartie sur un plus grand nombre d'étables.
Quand il y avait surproduction,
cela ne créait pas de trop gros problèmes, l'équilibre
se maintenait par une autoconsommation accrue. Les reports ne grevaient pas
le budget de l'État.
1909 : Jamais on n'avait
vu autant de fabriques !
Avant 1950, les problèmes
commerciaux n'existaient pas. Les problèmes sociaux étaient
inconnus.
Il fallait seulement
bien fabriquer : c'était à la fois plus difficile et plus simple.
Les fromagers étaient,
pour la plupart, exploitants agricoles, donc très proches de leurs
fournisseurs de lait, partageant leurs peines, leurs soucis, ce qui facilitait
une compréhension mutuelle.
C’était
le cas au Renouard où nous avons pu retrouver les traces de 7 producteurs
à partir des étiquettes … mais n’avons pu situer
géographiquement que six !
Néanmoins, il
est intéressant de constater la vitalité économique de
ces entreprises qui justifiaient, à partir du nombre de leurs employés
en tenant compte de leurs familles et du nombre important d’enfants,
une population importante, 2 voire 3 plus grande qu’aujourd’hui,
la présence de services (école et poste) et de commerces (bazar-alimentation,
bars et … cinéma !).